À quand le cannabis médical en pharmacie?

Au Canada, le Règlement sur l’accès au cannabis aux fins médicales (RACFM) autorise la prescription de cannabis à des fins médicales, sans pour autant considérer la fleur séchée et ses dérivés comme un médicament à part entière. Quel chemin reste-t-il à franchir avant de se procurer du cannabis en pharmacie ?

Ayant émis d’abord des réticences dans les dernières années, l’Ordre des pharmaciens du Québec est aujourd’hui favorable à la distribution du cannabis thérapeutique en pharmacie. Cela n’implique pas qu’on retrouvera des feuilles séchées ou des huiles concentrées derrière le comptoir dans quelques semaines.

« Les énergies des autorités fédérales et provinciales sont pour l’instant tournées vers l’adoption et l’encadrement du projet de loi sur le cannabis non médical », résume Manon Lambert, directrice générale de l’Ordre des pharmaciens du Québec.

La voie du cannabis médical

Quoi qu’il advienne du cannabis récréatif, que l’on puisse s’en procurer au magasin du coin ou non, l’Ordre, ainsi que les patients et les médecins consultés par Santé Canada, privilégient un système de distribution réservé au cannabis médical, par le biais des pharmacies.

« Ces patients bénéficieront sans aucun doute du soutien et des conseils d’un professionnel réglementé, dit la directrice générale de l’Ordre. N’oublions pas que le cannabis est bien souvent un traitement de troisième ou de quatrième intention pour des patients souffrant de maladie chronique et consommant déjà d’autres médicaments : c’est essentiel qu’un pharmacien vérifie les interactions potentielles et qu’il s’intéresse au bon dosage. »

La nature du produit en soi justifierait à elle seule des approches différentes. « Les deux catégories d’utilisateurs ne recherchent pas des produits ayant les mêmes substances actives, explique Manon Lambert. À des fins récréatives, c’est la maximisation du taux de THC qui est recherchée pour son effet euphorisant, alors que pour des fins médicales, ce serait la quantité de CBD qui serait importante. »

Le « bon » cannabis médical

Le flou entourant le dosage et la non-standardisation du produit sont aussi une préoccupation du Collège des médecins, qui invite ses membres à faire preuve de prudence dans la prescription du cannabis médical. « On ne connaît pas encore toutes les données relatives à la sécurité du produit, dit Manon Lambert. Il est ainsi tout à fait normal qu’on privilégie d’autres options, qui ont peut-être des effets secondaires, mais qui sont au moins connus ! »

En parallèle à toute la question de la législation : la commercialisation du cannabis. « On sait que plusieurs compagnies pharmaceutiques sont en train de faire des études en bonne et due forme, par exemple sur l’innocuité et la sécurité du cannabis, afin de pouvoir développer un produit qui répond aux normes, comme tout autre médicament », explique Manon Lambert.

D’un processus à trois phases pouvant s’échelonner sur des années, des firmes en seraient rendues aujourd’hui à l’étape ultime.

« Cela ne se fera pas du jour au lendemain, il en va de la sécurité des patients. L’encadrement de la mise en marché d’un nouveau médicament implique beaucoup de documentation », dit la directrice de l’Ordre.

Que le cannabis médical se retrouve sur le marché par le chemin particulier de la législation ou par celui plus classique de la commercialisation, sa route risque d’être tortueuse. En attendant, les patients ayant un papier médical l’attestant peuvent obtenir du cannabis de l’un des 109 distributeurs autorisés par Santé Canada. Au Québec, on en compte huit à ce jour.

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